Dans le monde
Un bonnet avec une écharpe
C’est un coup de foudre
Une table une chaise s'unissent
Le soleil une planète s'attirent
Un cartable et une gomme s'entichent
Un cahier et une pièce se disent je t'aime
Deux corps se blottissent
La pluie et le vent s'embrassent
Le feu et l'eau se cherchent
Une trousse apprivoise une
fenêtre
Deux amoureux passionnés se
contemplent le visage
Je viens
de naître
Je me
regarde
Je
m'étonne.
Je rencontre un visage qui s'attable avec
une larme
Les nuages sont longs
tout avance doucement
en ce
moment
J'apprivoise mon bonheur
Qui surgit de nulle part
Je dors je rêve
en voyant
la suite
du
lendemain
je tourne les pages blanches
de mon livre mais je
ne peux
pas tourner le temps transparent
6H45
Le bus arrive bondé de gros travailleurs
Le soir j'ai eu une envie oui
de manger mais
de manger mes mots doux
Dans mon quartier...
Dans mon quartier, on trouve des voitures
Des voitures neuves, des voitures vieilles
Des voitures cassées, des voitures cabossées
Des voitures achetées, des voitures volées.
Dans mon quartier, on trouve des immeubles
Des immeubles propres, des immeubles sales
Des immeubles habités, des immeubles vides
Des immeubles cassés, des immeubles tout neufs.
Dans mon quartier, on trouve des arbres
Des arbres cassés, des arbres neufs
De vieux arbres, des arbres plus jeunes
Des arbres aux belles feuilles, des arbres aux
feuilles mortes.
Dans mon quartier, on trouve des personnes
Des personnes jeunes, des personnes âgées
Des personnes dans le berceau, des personnes dans le
fauteuil
Des personnes heureuses, des personnes malheureuses.
Dans mon quartier, on trouve des fleurs
Des fleurs tristes, des fleurs qui rient
Des fleurs qui poussent, des fleurs fanées
Des fleurs odorantes, des fleurs malodorantes
Des rencontres simplement
A l'école il y a nos amis
A l'école il y a nos ennemis
A l’école il y a une partie de notre vie
A l’école il y a notre premier amour
A l'école il y a nos premiers fous rires dans la
cour
A l'école il y a nos premiers soucis
A l'école il y a nos premières envies
Envie de tout
Surtout
Et la tentation de suivre les ripoux
A l'école il y a nos premiers encouragements
A l'école il y a nos premiers mensonges
A l'école il y a nos premiers sentiments qui nous
rongent
A l'école il y a nos premiers rêves
A l'école il y a notre première trêve
A l'école on peut avoir des moments jubilatoires
tout autant dérisoires
On peut être une boussole
Qu’on ne veut pas qu'on
nous vole
6H45
Des odeurs se mélangent d'hommes et de femmes
J'ai perdu le fil blanc
qui
guide
mon coeur rouge
Je marche
Sans
regarder personne
Sans
regarder ce qui m'entoure
Je marche
Sans
regarder mes pieds
Je marche
En rêvant
Ma
conscience est comme un tableau noir
Pour vivre
en paix, mieux vaut tout effacer
Le ciel
est bleu
Puis il
est caressé
De nuages
blancs
Je
dessine une passerelle rouge passion qui me guide vers la raison
J'essaye de me repérer dans le
temps grâce à ma boussole
Ma boussole m'indique le côté droit
mon instinct
le côté gauche
Une lettre rencontre un visage
et lui dit :
- Lis-moi.
Et tout à coup le visage
pleure et la lettre s'évapore.
Le temps a passé oui
l'aiguille a tourné
la boussole a éclaté
Comme si nous regardions tous la même étoile et
qu'on en devenait une
comme si nous vivions tous la même vie
Le
car démarre à 6H45
il
fait un très long chemin
au
moment où il décide de s'arrêter
il
sent plusieurs bonnes odeurs
ces
odeurs sont celles des enfants
qui
se trouvaient à l'intérieur du car
Après
l'une des fenêtres
s'ouvre
à cause du vent
qui
faisait encore des siennes
et
toutes les odeurs alors s'envolent
Après
le car est triste sans
ses
odeurs qui lui donnaient la
force
de faire plusieurs longs
chemins.
Il prend la décision de s'arrêter
et
de discuter avec l'arbre qui commence
à
perdre ses feuilles.
Je
marche sur un chemin vert, vert à cause de l'arbre, de l'herbe, le seul chemin
vert de la ville.
Je vois
au-devant de moi des immeubles, des immeubles gris, d'un gris profond mais fade
je
continue
je vois
derrière les voitures de la fumée noirâtre qui empoisonne l'air, un air pur à
la base mais sale maintenant !
Je
m'étouffe...
6H45
Une foule se précipite vers le bus
Je nage et je plonge je retourne
chez moi et je replonge
dans un grand livre bleu
Marseille
rouge, mate, jamais pâle...
Marseille
joueuse, rayonnante,joyeuse, jamais triste...
Marseille
a un petit nez tout doux pas de nez gros et rugueux
Marseille
a un grand sourire pour accueillir les visiteurs, un air méchant pour éloigner
les critiqueurs...
J’écris sur mon cahier
mais je ne vois pas mon
écriture
Station
Bougainville
6H45
les odeurs
se mélangent
des
parfums de femmes et des parfums d'hommes
des
couleurs se mélangent
des formes
se manifestent
des habits
se croisent
Mon quartier
est tout simplement
dans l'ombre
Mon visage se transforme car
L’ascenseur social est en panne
J'ai perdu ma boussole
Je ne sais plus où je suis, où je vis
Perdu je n'y arrive plus
Je suis triste
alors
je plonge
dans un livre de solitude
Rire de bonheur
sur la passerelle du malheur
6H45
Les voitures se rassemblent pour former un gros
bouchon
Elles s'arrêtent en même
temps que le monde
Je me
promène
Je vois un
oiseau
Je souris
Je sens ce vent lisse autour
de ma vie
bousculante
La mer se balance
Jusqu’à toucher le ciel
L'avion
a décollé
et
les gens
se
sont envolés
une
fille s'est mise à rire
un homme est resté bouche bée
J'apprivoise au loin
Mon oiseau
qui palabre sur l'eau
Dans
chaque voiture il y avait un futur
Dans ma voiture
fière
J'apprivoise la
route menteuse
Qui jubile de
bonheur
Je
viens de naître
Je me
regarde
Je m'étonne.